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Locataires incapables d’accéder à la propriété privée et qui ne libèrent plus leur logement, investisseurs privilégiant la location saisonnière… Les raisons de cette situation, qui s’accentue dans les métropoles et pénalise particulièrement les étudiants, sont multiples.

La pénurie d’appartements à louer, particulièrement aiguë dans les métropoles et les zones tendues, relève de l’arithmétique : la demande de locations progresse, alors que l’offre baisse. Le pic des naissances des années 2000 se traduit aujourd’hui par l’accès de cette génération aux études supérieures, d’où la très forte demande des étudiants pour se loger – il s’ajoute au phénomène de la décohabitation, lié aux divorces et aux séparations.

Du côté de l’offre, les obstacles s’accumulent. Avec la hausse brutale des taux d’intérêt, en 2022, la machine de l’accession à la propriété s’est cassée et le parcours résidentiel s’est grippé. Les ménages qui auraient dû acheter leur premier logement sont restés locataires de leur appartement et ne l’ont donc pas libéré pour les étudiants et les jeunes travailleurs.

En se fondant sur les petites annonces mises en ligne sur son site, le groupe SeLoger estime que « l’offre locative disponible en France entre 2022 et 2024 a reculé de 17 % », avec de gros écarts selon les territoires. La situation serait ainsi « très critique à Paris et à Nice avec respectivement − 44 % et – 41 % » sur la période, affirme Thomas Lefebvre, vice-président chargé des données des plateformes SeLoger et Meilleurs Agents.

Phénomène ancien, l’attrition de l’offre locative dans la capitale va en s’accélérant. Jacques Baudrier, adjoint communiste à la maire de Paris chargé du logement, estime « à 350 000 le nombre de logements locatifs privés, en 2024, contre 430 000 dix ans avant, 600 000 dans les années 1980 et 1 million juste après la guerre ». L’élu s’alarme de « la baisse de 8 000 logements locatifs privés par an », pour l’essentiel liée à l’augmentation du nombre de logements vacants et de résidences secondaires. Il redoute que, dans quatre ou cinq ans, les logements privés à louer à Paris ne deviennent moins nombreux que les résidences secondaires et les logements vacants réunis.

La réglementation de la Ville sur les meublés touristiques de type Airbnb n’y change rien. Selon le réseau d’agences Century 21, les achats de résidences secondaires dans la capitale durant les neuf premiers mois de l’année ont encore grimpé de plus de 37 % sur un an, pour représenter 11 % des ventes. Et, dans le même temps, les acquisitions effectuées à des fins d’investissement locatif ont reculé de près de 4 %.