La Banque centrale européenne a relevé ses taux directeurs jeudi 15 juin et Christine Lagarde, sa présidente, a précisé qu’il était « très probable » qu’elle augmente à nouveau ses taux en juillet.
Ces conditions financières ne laissent présager rien de bon sur l’évolution des crédits immobiliers. « Nous allons tranquillement dépasser le niveau des 4 % sur vingt-cinq ans et probablement sur vingt ans », note Ludovic Huzieux, cofondateur d’Artémis Courtage
Depuis le début de l’année, en seulement six mois, les taux ont augmenté de plus d’un point (1%).
Et la hausse des taux a fortement réduit les capacités d’emprunt de tous ceux qui ont recours au crédit immobilier. « Toutes choses égales par ailleurs, les mensualités d’un crédit à vingt-cinq ans obtenu au niveau de taux actuels sont 25 % supérieures à ce qu’elles étaient début 2022, lorsque les taux étaient au plus bas », a estimé le courtier Cafpi.
Ainsi, il a été calculé qu’un couple avec 4 200 euros de revenus nets par mois peut emprunter sur vingt ans 227 618 euros avec des taux à 4 % contre 300 000 euros en 2021, lorsque les taux étaient tombés à 1 %. Résultat : pour un montant équivalent, les candidats à l’achat doivent soit renoncer à des mètres carrés supplémentaires ou à un quartier, soit différer ou annuler purement et simplement leurs projets.
Tout dépendra de la politique des autorités monétaires à la rentrée. « Si des signaux rapides de modération de l’inflation devaient apparaître, nous pourrions imaginer être proches de la fin du cycle de hausse des taux, avec des taux de crédit stabilisés autour de 4 % », juge un observateur.
« Mais on ne peut exclure un scénario d’enracinement durable de l’inflation. Les derniers chiffres d’Eurostat montrent une inflation des prix alimentaires alarmante, de nature à nourrir une boucle prix salaires longue à éteindre. Selon les chiffres du ministère du travail, les salaires de base ont pris 3,9 % en France en 2022. Dans un tel scénario, on ne peut exclure de nouvelles hausses des taux directeurs à l’automne et des taux de crédits immobiliers qui se dirigeraient vers le seuil de 5 % à l’horizon du début de l’année 2024 », ajoute-t-il.